Les fils de Marcel

Exposition

Du 8 juillet au 15 octobre 2006

Commissariat : Emmanuel Latreille

L’ exposition Les Fils de Marcel prend pour point de départ une installation importante de Marcel Duchamp, réalisée dans l’exposition des First Papers of Surealism en 1942. Par dessus les cimaises mobiles sur lesquelles étaient accrochées les tableaux, traversant l’espace dans tous les sens, il avait tendu un mile de ficelle, véritable toile géante évoquant celle d’une araignée. Aucune proposition ne dit mieux que celle-là que l’enjeu essentiel de l’œuvre de Duchamp est le passage de l’espace de la représentation à l’espace réel. Marcel Duchamp ouvre ainsi l’art à l’espace commun, il plonge le spectateur dans cet espace qui est à la fois constitué de choses réelles et qui est néamoins une "fiction".

Contrairement à l’idée que l’héritage de Duchamp serait du côté de l’objet, cette exposition vise à montrer comment des artistes contemporains s’emparent du vide de l’espace et se contentent de le faire voir avec l’élément minimum qu’est le fil, ou la corde. Le plus surprenant sera de voir comment cet enjeu provoque aussi une transformation de l’espace pictural classique, à travers certains artistes qui déploient leurs "fils" au mur, ou dans une interprétation différente de la "ligne".
Emmanuel Latreille

À propos des œuvres exposées

Hubert Duprat, Sans titre, 1994, collection FRAC Languedoc-Roussillon. Deux installations in situ, 2006.

"Hubert Duprat a réussi à inventer son propre langage formel et à transmuter les éléments naturels et réels en un monde imaginaire très fort et étrange. Son travail sur la matérialité métamorphose et sublime les objets naturels en des sculptures intemporelles, humanisées par les traces de l’intervention laissées par l’artiste."

Gérard Selbach, www.paris-art.com, 2005, à propos de l’exposition à la Galerie Art-Concept, du 8 janvier au 5 février 2005.

Fred Sandback, Sans Titre, 1968-1983, collection FRAC Pays de la Loire.

"L’artiste américain Fred Sandback laisse une œuvre diamantine, d’une rigueur et d’une économie rarement atteintes dans l’art du 20ème siècle. (…) Faite de lignes, le plus souvent en laine, tendues dans l’exposition selon des dimensions variables, mais qui n’existent toujours qu’à partir de leur seule matérialité sans poids, qu’en fonction de leur physicalité à l’épaisseur quasi nulle, son œuvre s’installe dès la fin des années 1960 dans la contestation de ce qui, dans l’histoire , constitue la définition d’une pratique censée se résumer classiquement à une opération per via di levare, à un geste d’enlèvement de la matière à de la matière."

Thierry Davila, "Fred Sandback : l’intensité dans la sculpture", Art-press n°319, janvier 2006.

André Valensi, Pièges à regard…, 1990, collection du FNAC.

Même si André Valensi est le plus jeune protagoniste du groupe Supports / Sufaces, il n’en demeure pas moins un peintre dont les recherches plastiques ont marqué l’histoire de ce groupe. Il prend part aux activités du groupe dès la première manifestation à Coaraze et participe ensuite très régulièrement aux différentes expositions. Il partage avec les autres membres un certain nombre de convictions, qu’il s’agisse du rejet du nouveau réalisme et du formalisme idéaliste, ou de la volonté de superposer les procédures matérielles de réalisation de la toile libérée de son châssis, la peinture (objet de connaissance) n’étant que la mise en évidence didactique de ses procès. L’œuvre présentée, Pièges à regard …, fut réalisée pour l’exposition Le Bel Age au château de Chambord en 1990 dans le cadre du 20^ème anniversaire du mouvement Supports / Surfaces. Constituée de deux filets multicolores pendus au plafond, l’œuvre suit le cahier des charges, donné à l’artiste , qui insistait sur la mobilité de l’œuvre commandée afin qu’elle puisse être installée dans d’autres lieux.

Dans le cadre de la manifestation "Chauffe, Marcel !", menée par le FRAC Languedoc-Roussillon.