Project Room : Les établis

Exposition

Du 28 janvier au 11 mars 2012

Commissariat : Judicaël Lavrador

Avec Camille Abbé Sonnet, Julien Crépieux, Lauraine Dufour, Sébastien Duranté, Soo Fuhrmann, Mark Geffriaud, Agnès Hildegard Genay, Noé Grenier, Charlette Knoll, Nicolas Kozerawski.

Établis, les jeunes artistes présentés dans cette expositions ne le sont pas vraiment, pas encore : ils ont tous obtenus leurs diplômes l’an dernier, à l’École Supérieure des Beaux-arts de Montpellier. Depuis, ils sont chacun de leur côté et travaillent comme ils veulent, ou plutôt comme ils peuvent… Établi, Robert Linhart l’a été et a rendu compte de cette expérience que des jeunes gens, mût par leurs convictions politiques, ont choisi de vivre en s’établissant en usine, aux côtés des travailleurs. Dans son livre éponyme (L’Établi, Minuit, Paris, 1978) Linhart détaille les tâches qu’il a à accomplir, les pressions du patronat, la mobilisation ouvrière, l’entraide, les journées de labeur, les espoirs d’une génération, sans rien cacher de ses désillusions.

Devenir artiste, c’est quoi ? Avoir obtenu son DNSEP et puis faire ses preuves ? Être reconnu par ses pairs ? Par la critique ? Prisé par le marché ? Dans ce cas, la plupart des dix-neuf artistes n’ont pas encore le profil.

C’est entre ces deux seuils, après l’école et avant un début de reconnaissance, entre l’expo des diplômés et celle des artistes émergents, dans cette période où on passe d’une vie d’étudiant à une vie d’artiste (ou pas d’ailleurs, tant est élevé le nombre de ceux qui disparaissent dans la nature, ou prennent des directions toutes autres), dans cette période où on n’a pas encore le CV pour prétendre à un post-diplôme, à une résidence, ou à une aide à la création, dans cette période où il faut, bien souvent, ne compter que sur sa propre détermination, que l’expo veut s’installer.

Et ce, en réunissant des œuvres dont les conditions dans lesquelles elles ont été produites constituent aussi le sujet. Autrement dit, les conditions de production déterminent la forme, le sens et la portée des œuvres. Ces conditions peuvent être de nature matérielle (les techniques, les outils, les protocoles, les lieux - et notamment l’atelier), de nature sociale et politique, ou encore de nature temporelle (les délais, les rythmes de production). Plus généralement, il s’agit de voir comment les artistes réinventent le rapport au travail : en remettant en cause la notion d’achèvement, en préférant défaire plutôt que de faire, en inventant des formes de collaboration ou en se recentrant sur soi plutôt qu’en visant le spectateur.

Judicaël Lavrador

À propos des œuvres exposées

Camille Abbé Sonnet, Street credibility/Art credibility, 2011, Huile sur toile, 1m x 1,5m.

Street credibility / Art credibility est une toile, peinte à l’huile, d’approximativement 1m x 1,5m. C’est un autoportrait, me représentant de la taille jusqu’à la tête, torse nu, en train de me tatouer moi-même. Les tatouages ainsi réalisés représentent des œuvres d’artistes qui ont une influence sur moi. Mon statut de nouvel arrivant, dans un monde de l’art qui a déjà tant de représentants, n’impressionne personne, pas même moi. Comment se détacher de tous ceux qui occupent la place ? Comment m’affirmer moi-même quand je dois me référer à tant de monde ? Pour être crédible un diplôme ne suffit pas, il faut digérer ses prédécesseurs, montrer qu’on les a compris et assimilé. Ici je me sens obligé de me les imprimer à vie sur le corps, comme pour pouvoir prouver n’importe quand que je connais, que je maîtrise. Et à la fois, en tant que jeune artiste en devenir, je dois me définir face à mon autre domaine de création, le graffiti. En effet, la structure sociale de ce groupe est complexe, et demande d’autres références que celui de l’art contemporain. Ainsi cette notion de street credibility est essentielle dans le monde du Hip-hop. Le tatouage fait partie de cette notion, avec d’autres évidement. La street credibility fait office de diplôme dans la rue, sans elle pas de reconnaissance.

Camille Abbé Sonnet

Camille Abbé Sonnet, Schrödinger’s cat, 2011, Dessin encadré.

"Schrödinger’s cat est un concept d’œuvre, qui peut en générer plusieurs à la manière de Teaser. Ici elle englobe Street credibility / Art credibility. Il est composé d’une caisse contenant l’autre œuvre et d’un dessin A3, encadré et accroché au mur au dessus de la caisse, reprenant l’œuvre contenue dans celle-ci et sa description conceptuelle.Ici, ce qui m’intéresse c’est de continuer à interroger le moment d’existence de mon travail, voir d’un travail en général. L’expérience du chat de Schrödinger, nous explique qu’en physique quantique, une chose peut avoir plusieurs états contradictoires au même moment, ici le chat est à la fois vivant et mort dans sa boite. Il n’y a qu’en soulevant la boite que l’on saura. Pour ma part je joue encore sur l’usage du dessin, croquis qui arrive après l’œuvre et non avant, ou bien évidement sur le fait du faire et du non faire. J’aime aussi à jouer sur un registre qui obscurcit la première étape du travail.
Je souhaitais donc montrer ce travail, ou ce qu’il deviendra après nos discussions, car il me semble proche des problématique que tu souhaite aborder. Ma place en tant qu’émergeant, ma façon de concevoir un travail, ou bien encore le simple fait de protéger une pièce dans une caisse qui sera une première pour moi. En espérant que le projet te plaise et en attendant ta réponse."
Camille Abbé Sonnet

Julien Crépieux, Série Up_And_Downloading

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Julien Crépieux, Up_And_Downloading_2156045 , 2012, impression jet d’encre pigmentaire sur bâche, tendue sur châssis, 135 x 90cm.

up and downloading 1

Julien Crépieux, Up_And_Downloading_3178064 , 2012, impression jet d’encre pigmentaire sur bâche, tendue sur châssis, 135 x 90cm.

Des photographies à caractères érotiques ou pornographiques sont téléchargées depuis une plateforme d’échanges BitTorrent. Ce protocole de transfert de données permet de recomposer un fichier par fragments provenant de différents utilisateurs dispersés au travers du réseau internet. Les images sont récupérées avant téléchargement complet du fichier, créant ainsi des erreurs, des manques, des segmentations et autres distorsions colorées, qui deviennent les éléments d’une composition picturale aléatoire.

Sébastien Duranté, Gorges profondes, Plomb, 2011.

Sébastien Duranté - Gorges profondes

Mon travail traite de l’escroquerie, du faux. Dans le catalogue de l’exposition « Vraiment faux à la fondation Cartier en 1988 » le commissaire Jean Paul Coffre (chef de l’Office central de la répression du faux monnayage) cite le châtiment de la bouilloire à faussaire, qui consistait à récupérer les pièces contrefaites, de les faire fondre et de verser le métal en fusion dans la bouche du supplicié.
Ce châtiment évoque une technique de moulage, ma sculpture devient le moulage d’un châtiment. Et puisqu’il s’agit du moulage de ma bouche j’emprunte ainsi le statut de faussaire. La sculpture sort du sol comme si cette bouche de plomb se hissait pour mieux nous rappeler ce qu’il en coutait de jouer avec l’argent de l’État.

Sébastien Duranté

« Tandis que le monde autour de nous se capitalise et se hiérarchise de plus en plus, nous rêvons d’un monde à l’horizontal,un monde où nous sommes tous égaux. L’individu post-altermoderne, a dangereusement tendance à se suffire dans un monde où il communique surtout avec l’autre. Le soi est au centre de ce projet. »
A. Abrahams

Soo Fuhrmann, Pièce dépravée #2}, installation, 2011.

C’est une vue de l’esprit où le regard est dominé par le désir et la passion de voir les choses d’une façon préconçue et où la perspective elle-même opère avec un raisonnement géométrique échafaudant des structures adéquates à un point de vue précis et immuable. Elles font inéluctablement partie de toutes les tentatives de connaissance en y jouant à différents degrés mais comprenant toujours un côté positif.

Jurgis Baltrusaitis

"Mon enjeu est de parler d’une des étapes de monstration d’une œuvre : lorsqu’elle sort de la caisse qui a servi au transport. Il m’importait de détourner la fonction première de cette caisse et de lui donner un statut où elle fait partie intégrante de l’œuvre. Elle devient alors un facteur temps , une pause temporelle où l’œuvre sensée être déballée reste là, laissée en suspend mais aussi un élément par lequel l’œuvre toute entière est perçue. Les formes géométriques sont inspirées des plis et coins de l’espace où l’œuvre est fabriquée ; disposées ainsi en une composition qui relèverait de la mémoire du lieu."

Soo Fuhrmann

Mark Geffriaud, Mire, 2008, Page de livre et filtres opacifiants insérés dans deux plaques de plexiglas encadrés, Pièce unique, Collection privée.

Mark Geffriaud - Cyrus 2009

Cyrus, 2009 est le nom par lequel Mark Geffriaud désigne un objet qu’il a dérobé à l’artiste Eric Stephany et dont ils ont convenu qu’il pourrait rester en la possession de Mark Geffriaud tant que son propriétaire ne saura pas nommer ce que c’est. S’il lui revient en mémoire, Geffriaud le lui restituera aussitôt et la pièce, qui n’aura plus d’existence matérielle et dont ils ne parleront plus, disparaîtra progressivement pour retomber dans l’oubli. Pour le moment, l’objet est parfois confié à un commissaire, un gardien ou toute autre personne présente dans le lieu qui l’accueille, avec pour seule instruction de le conserver caché dans sa poche le temps de l’exposition. Cyrus est comme un aide-mémoire à la diffusion de cette histoire, un trou de mémoire qui se rappelle un temps.

Agnès Hildegard Genay, Série des Sans-titre, (dont 12 dessins sont montrés au Crac).

Hildegard Agnès Genay

60 dessins, 21x29,7cm / 27x36cm / 30x40cm / 14,8x21cm - Encre sur papier (papier bristol, papier Arche, papier Canson, scaperboard)

Noé Grenier, Next Right, 2012, 2 photographies, tirage argentique couleur, 35x50cm, encadrement vitré.

Noé Grenier - Next Right

Charlette Knoll, Flop, 2012, Pot de peinture et peinture

Charlette Knoll - Flop, 2012

La maladresse, double maudit de la virtuosité, est une figure récurrente dans l’art contemporain. L’artiste, revendiquant son inadaptation aux exigences de rigueur et d’excellence, se met en scène en train de faillir, de défaillir, de décevoir les attentes. Et ce faisant, renverse l’échelle des valeurs, ou un pot de peinture. Laquelle peinture a fait de l’accident (sur la toile), du débord, de la coulure, un credo privilégié.

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Vue de l’exposition "Les établis", Crac Occitanie à Sète, 2012. Betka Siruckova, "Absence", 2012. Photo : Marc Domage.

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Vue de l’exposition "Les établis", Crac Occitanie à Sète, 2012. Au mur : Nicolas Temieau, "Sans titre, 2011. Au sol, de gauche à droite : Amandine Raynaud, "Totem", 2011 ; Cyrille Maillot, "Sans titre", 2011 ; Sébastien Durante, "Gorges profondes", 2011. Photo : Marc Domage.

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Vue de l’exposition "Les établis", Crac Occitanie à Sète, 2012. Au sol : Cyrille Maillot, "Sans titre", 2011. Au fond : Betka Siruckova, "Absence", 2012. Au mur, de gauche à droite : Camille Sonally, "Signes", 2012 ; Nicolas Kozerawski, "Easy Made", 2010 ; Hildegard Agnès Genay, "Sans titre", 2011-2012. Photo : Marc Domage.

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Vue de l’exposition "Les établis", Crac Occitanie à Sète, 2012. Au mur à gauche : Marion Sagon, "Piscine n°17", 2012. Aux murs à droite : Nicolas Lebrun, "Morellet", 2009. Au sol au premier plan : Amandine Raynaud, "Totem", 2011. Au sol, au second plan : Lauraine Dufour, "Passage à vide", 2012. Photo : Marc Domage.

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Vue de l’exposition "Les établis", Crac Occitanie à Sète, 2012. Au mur à gauche : Noé Grenier, "Next Right", 2012. Aux murs à droite : Christophe Sarlin, "Degré d’existence relative", 2011. Au sol au premier plan : Bruno Persat, "La Projetable", 2012. Au sol, au second plan : Soo Furhmann, "Perspective dépravée #2", 2012. Photo : Marc Domage.

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Vue de l’exposition "Les établis", Crac Occitanie à Sète, 2012. Camille Sonally, "Signes", 2012. Photo : Marc Domage.

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Vue de l’exposition "Les établis", Crac Occitanie à Sète, 2012. Noé Grenier, "Next Right", 2012. Photo : Marc Domage.

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Vue de l’exposition "Les établis", Crac Occitanie à Sète, 2012. Au premier plan : Cyrille Maillot, "Sans titre", 2011. Au second plan : Sébastien Durante, "Gorges Profondes", 2011. Photo : Marc Domage.

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Vue de l’exposition "Les établis", Crac Occitanie à Sète, 2012. Lauraine Dufour, "Passage à vide", 2012. Photo : Marc Domage.

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Vue de l’exposition "Les établis", Crac Occitanie à Sète, 2012. Betka Siruckova, "Absence", 2012. Photo : Marc Domage.