les inégalités constantes des jours de leonor*

Exposition

Du 7 juin au 31 août

Commissariat : Leonor Antunes, Marie Cozette et Rita Fabiana

Visite de presse jeudi 5 juin.
Vernissage vendredi 6 juin.
Concert - évènement : OCCAM XXVII et OCCAM RIVER XVI d’Éliane Radigue samedi 7 juin.

L’exposition a été conçue et produite par le CAM – Centre d’Art Moderne de la Fondation Gulbenkian, Lisbonne, sous le commissariat de Rita Fabiana. Elle a reçu le soutien de la délégation en France de la Fondation Gulbenkian.
les inégalités constantes des jours de leonor* est présentée suite à l’exposition da desigualdade constante dos dias de leonor* qui s’est tenue au CAM - Centre d’Art Moderne Gulbenkian à Lisbonne, du ­21 septembre ­2024 au 17 février ­2025.

les inégalités constantes des jours de leonor* est une nouvelle installation sculpturale de Leonor Antunes (née en1972 à Lisbonne), répartie dans six salles au rez-de-chaussée du Crac Occitanie.
Depuis plus de 25 ans, Leonor Antunes développe un travail de suspensions sculpturales qui habitent les architectures, tout en proposant une relecture critique des lieux et de leurs histoires.
Au Crac, le public est invité à déambuler librement à travers une forêt d’objets qui mêlent le registre de la sculpture à celui des arts décoratifs, de la parure, du mobilier scénographique, décloisonnant les catégories convenues entre art, design et architecture.

les inégalités constantes des jours de leonor* est une réadaptation de l’exposition présentée à Lisbonne. Le titre a été traduit en français, suivi d’un astérisque, pour marquer qu’il s’agit d’une citation. Leonor Antunes reprend en effet le titre d’un dessin réalisé par Ana Hatherly (1929 – 2015), artiste, cinéaste, écrivaine et poétesse portugaise.
Il contient le prénom de Leonor Antunes et a été réalisé en 1972, son année de naissance, coïncidence biographique qui renforce le lien intime et profond qu’elle entretient avec Hatherly. Le dessin de cette dernière est un enchevêtrement de mots dont la densité rend le texte à peine lisible. Celui-ci devient matière dans un rapport au langage radicalement poétique et en mouvement.
À Lisbonne, parallèlement à l’installation de ses œuvres, Leonor Antunes a été commissaire d’une exposition qu’elle a conçue à partir de la collection du CAM, choix d’œuvres dédié exclusivement aux artistes femmes de cette collection dont certaines étaient montrées pour la première fois depuis leur acquisition.

les inégalités constantes des jours de leonor* prend sa source dans l’architecture du CAM. Inauguré en 1983, le bâtiment a été conçu par l’architecte britannique Leslie Martin. Si sa femme et collaboratrice Sadie Speight (1906 – 1996) a contribué au projet, son nom est resté dans l’ombre. C’est pourtant une figure centrale du mouvement moderne au Royaume-Uni en tant que précurseure d’une critique du design contemporain dans les années 1940. Sadie Speight a également conçu des objets de design, tels que tapis et tapisseries, notamment dans le cadre de projets architecturaux. Selon Leonor Antunes :
« le travail de Sadie Speight, qui était très présente dans le projet du CAM, n’a jamais reçu la reconnaissance qui lui revenait. ».
Les recherches que Leonor Antunes a menées à l’occasion de son exposition au CAM lui ont permis de redécouvrir des figures marginalisées de l’histoire de l’art et du design.

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En regard de la quarantaine de sculptures exposées au Crac, dont certaines font référence à Sadie Speight, Leonor Antunes présente une sculpture au sol en liège incrusté de motifs en laiton et linoleum. Le motif agrandi reprend celui d’un dessin original pour un tapis à nœud conçu par Marian Pepler, designeuse britannique et proche de Sadie Speight : par ce geste de citation et de déplacement, Leonor Antunes redonne également une place centrale à cette artiste.

Dans ce projet, présenté à Lisbonne puis à Sète, Leonor Antunes met une fois de plus en œuvre une méthode d’enchevêtrement des références, des citations, des motifs, des techniques et des savoir-faire. En revisitant l’histoire de l’art, de l’architecture et du design au XXème et XXIème siècle, Leonor Antunes propose une approche décentrée des récits établis de la modernité, majoritairement masculins, héroïques, linéaires et peu inclusifs. Avec tact, l’artiste utilise la puissance symbolique des institutions qui l’invitent pour remettre en circulation avec et autour d’elle d’autres artistes femmes telles que Ana Hatherly, Franca Helg, Charlotte Perriand, Lina Bo Bardi, Marian Pepler, Sadie Speight ou encore Sophie Taeuber. Nombre de sculptures présentées dans l’exposition citent directement ces artistes, dont on retrouve les prénoms ou les initiales dans les titres.
La présence récurrente de nœuds, de mailles, de filets ou de résilles renvoie au soin qu’apporte Leonor Antunes à relier entre elles des figures artistiques, à nouer de nouvelles généalogies par affinité. Ces formes puisent également dans son intérêt pour le design textile, le tissage et tout un ensemble de techniques dévaluées, souvent liées à l’artisanat et aux arts dits mineurs, comme en témoignent un ensemble d’œuvres réalisées en osier, en cuir ou encore en perles de verre. De même, les matériaux utilisés pour réaliser la sculpture au sol (liège, linoleum, laiton) sont relativement déconsidérés et souvent associés aux espaces domestiques (et par extension aux espaces féminins). Mais Leonor Antunes leur donne ici une place à la fois monumentale et centrale car ce sol structure l’ensemble des espaces et les relie entre eux.

Pour l’exposition à Lisbonne, Leonor Antunes a produit une nouvelle série de panneaux en bois ajourés, à la fois sculptures et dispositifs scénographiques. Ces panneaux intitulés Voilettes sont directement transposés de ceux que l’architecte et designeuse Charlotte Perriand avait conçus entre 1966 et 1969 pour la résidence de l’ambassadeur japonais à Paris.
Leonor Antunes s’en sert pour présenter le travail d’autres artistes dans l’exposition dont elle a été commissaire au CAM, mais aussi comme système d’accrochage pour ses propres œuvres, renforçant cette porosité entre sculpture et design qui est au cœur de sa pratique. Ces panneaux de bois ont la particularité d’être transparents et occultants tout à la fois. Ils permettent un jeu complexe de regards et structurent l’espace sans le contraindre.

La transparence et la fluidité sont au cœur du système scénographique mis en œuvre par Leonor Antunes au fil du temps. Ses œuvres laissent passer le regard et dialoguent les unes avec les autres dans un réseau infini de relations et d’affinités qui peuvent se reconfigurer sans cesse. L’artiste s’appuie en cela sur l’héritage de deux figures majeures du design et de l’architecture, l’italien Franco Albini (1905 – 1977) et l’italo-brésilienne Lina Bo Bardi (1914 – 1992). Cette dernière a conçu un des plus importants musées du Brésil, le MASP (Musée d’Art de Sao Paulo) dans lequel elle a imaginé des principes scénographiques révolutionnaires, permettant d’embrasser du regard une multitude d’œuvres. C’est en décloisonnant le regard et les espaces qu’il est possible de tisser de nouveaux liens et de construire de nouveaux récits. À Lisbonne comme à Sète, il n’y a pas de parcours imposé, chacun·e est libre de dériver là où son regard le porte dans un rapport au lieu intuitif, mouvant et égalitaire.

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Vue de l’exposition "da desigualdade constante dos dias de leonor*" de Leonor Antunes, 2024-2025, Centre d’Art Moderne de la Fondation Gulbenkian, Lisbonne. "Franca e Sophie #4" (détail), 2024, perles de verre, fil de nylon, fil FireLine, acier inoxydable enduit de poudre, c. 340 x 130 cm. Courtesy de l’artiste. Photo : Nick Ash, 2024.

Artiste exposé

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Vue de l’exposition "da desigualdade constante dos dias de leonor*" de Leonor Antunes, 2024-2025, Centre d’Art Moderne de la Fondation Gulbenkian, Lisbonne. Courtesy de l’artiste. Photo : Nick Ash, 2024.

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Vue de l’exposition "da desigualdade constante dos dias de leonor*" de Leonor Antunes, 2024-2025, Centre d’Art Moderne de la Fondation Gulbenkian, Lisbonne. Courtesy de l’artiste. Photo : Nick Ash, 2024.

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Vue de l’exposition "da desigualdade constante dos dias de leonor*" de Leonor Antunes, 2024-2025, Centre d’Art Moderne de la Fondation Gulbenkian, Lisbonne. "random intersections #16.1" (détail) 2016, cuir. Courtesy de l’artiste. Au sol, "forty five" (détail), 2024, liège, linoleum et laiton, 1,05 x 5930 x 2332 cm. Courtesy de l’artiste. Photo : Nick Ash.

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Vue de l’exposition "da desigualdade constante dos dias de leonor*" de Leonor Antunes, 2024-2025, Centre d’Art Moderne de la Fondation Gulbenkian, Lisbonne. Courtesy de l’artiste. Photo : Nick Ash, 2024.

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Vue de l’exposition "da desigualdade constante dos dias de leonor*" de Leonor Antunes, 2024-2025, Centre d’Art Moderne de la Fondation Gulbenkian, Lisbonne. "Sadie" (détail), 2024, soie, perles de verre, fil nylon, c. 21 x 41 x 61 cm. Courtesy de l’artiste. Photo : Nick Ash, 2024.

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Vue de l’exposition "da desigualdade constante dos dias de leonor*" de Leonor Antunes, 2024-2025, Centre d’Art Moderne de la Fondation Gulbenkian, Lisbonne. "discrepancies with M.S. #5" (détail), 2020, cuir et corde de coton, dimensions variables, Kurimanzutto, Mexico. Courtesy de l’artiste. Photo : Nick Ash, 2024.

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Vue de l’exposition "da desigualdade constante dos dias de leonor*" de Leonor Antunes, 2024-2025, Centre d’Art Moderne de la Fondation Gulbenkian, Lisbonne. Courtesy de l’artiste. Photo : Nick Ash.

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Vue de l’exposition "da desigualdade constante dos dias de leonor*" de Leonor Antunes, 2024-2025, Centre d’Art Moderne de la Fondation Gulbenkian, Lisbonne. "Franco II" (détail), 2017, cuir. Courtesy de l’artiste et kurimanzutto Mexico / New York. Photo : Nick Ash, 2024.

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Vue de l’exposition "da desigualdade constante dos dias de leonor*" de Leonor Antunes, 2024-2025, Centre d’Art Moderne de la Fondation Gulbenkian, Lisbonne. "Franca e Sophie #4" (détail), 2024, perles de verre, fil de nylon, fil FireLine, acier inoxydable enduit de poudre, c. 340 x 130 cm. Courtesy de l’artiste. Photo : Nick Ash, 2024.