Camille Abbé Sonnet
Naissance : 1985
à Montpellier
Il vit et travaille à Montpellier
Mon travail se situe entre la mythologie personnelle et la présentation d’un nouveau personnage, pur produit de son époque. Mes fictions, ou résidus de phantasmes, me placent souvent sur un piédestal que je m’empresse de faire tomber. Une sorte de looser de talent qui tente de faire sa place parmi les grands de toutes sortes, mais qui sait que sa place actuelle est en bas de l’échelle, qui reflète les idéaux basiques de notre époque, être célèbre pour postulat et non comme conséquence. Chaque travail est un constat, sous l’apparente monstration de vantardise, se cache à chaque fois un constat d’échec et de frustration. Car c’est de cela dont il s’agit, la frustration. Nous sommes une génération frustrée. Tout a été fait, les révolutions, les expérimentations, la musique, tout est empreint de nostalgie et de récupération. Et rien n’a vraiment marché, les idéologies sont devenues utopies, les rêves sont devenus fictions. Et dans un autre sens les fictions deviennent de plus en plus réel, et la possibilité de s’échapper est de plus en plus grande. Ce qui fait d’un objet une œuvre d’art, c’est la cognition. Tout travail met donc en œuvre une forme de cognition. Dans mon travail, j’essaie de mettre en évidence certains de ces schémas mentaux. Je voudrais forcer le spectateur à voir les ficelles que je mets en place et à les manipuler, comme si un magicien dévoilait son truc et que le tour reste magique. J’aime aussi savoir que le spectateur sera comme face à un making of sans film, soit cela l’intéresse soit ça le frustre d’en savoir trop ou pas assez. L’être humain est doté d’un système cognitif complexe. La cognition joue un rôle déterminant dans l’acceptation d’une œuvre d’art en tant que telle. Je tente de mettre en évidence certains de ces liens cognitifs à travers mon travail ou bien de les mettre à l’épreuve.
La temporalité, dans son ensemble large, est pour moi générateur de sens. Que se soit le temps de monstration, ou de réalisation, ou encore la charge temporelle du lieu dans sont architecture ou dans son histoire.
Que ce soit en passant par des autoportraits fantasmés, dans lesquels je me mets en scène avec de véritables icônes, ou par la monstration de dessins fictionnalisant mon futur passé d’artiste accompli, je crée un autre moi, un moi qui a tout fait ou qui essaye, un moi charismatique et ambitieux, pervers et classe, drôle et agaçant, qui donne à mon véritable statut, une ambiguïté attractive.
Mon travail se situe aux frontières de la réalité et de ce que l’on appellera « virtuel ». La société, son organisation, ses acteurs, ses bases sont réelles mais se situent de plus en plus dans un espace virtuel, une bulle que l’on considère plus comme inscrite dans la réalité plutôt que dans le réel. Mon but est d’être dans ces ponts qui lient ses mondes.
Une des problématiques centrales de mon travail porte sur la question de la perception, dans le sens de son acceptation. Le problème n’est pas de percevoir, ou bien même de ce que nous percevons, mais plutôt d’accepter d’y croire ou non. Depuis la mort de Dieu, du communisme et de toutes les utopies humanistes, on croit de moins en moins. On accepte tout. Évidement c’est une généralisation, il y a toujours et pour tout des exceptions. Et dans un autre temps les gens veulent croire en tout ce qui est inutile : les stars, les super héros…
Le système interne de l’art est une nouvelle terre d’accueil pour moi. Être confronté à une immense liberté et une certaine restriction.Je pense qu’il est temps d’assumer ce statut au sein même du travail. Car un artiste est sensé avoir conscience de tout ce qu’entraine sa pièce.
Il y a espace d’accrochage, mais aussi temps de monstration, ainsi que le regardeur le possible commissaire, etc… cet espace est un Espace™ (espace temps de monstration).
Cet espace™ est unique, soumis aux aléas l’entourant. De part ce caractère unique, j’entends l’interpeler dans mon travail, pas constamment, mais fréquemment. Lui donner une place centrale, de sorte que, lors d’un nouvel espace™, concernant un travail précis, celui-ci devienne presque comme le constat d’une performance, celle de la monstration du précédent espace™.Cet espace™ a un rapport direct avec le regardeur, il est défini par sa présence supposée. J’aime jouer sur la mémoire de ces espaces™.