Philippe Ramette
Naissance : 1961
à Auxerre (Yonne)
Il vit et travaille à Paris
L’artiste Philippe Ramette est un familier de Sète. D’abord accueilli en résidence d’artistes Villa Saint Clair en 1992, il a exposé au Crac dès 1997.
En 2011, le centre d’art lui a consacré une grande exposition monographique privilégiant les sculptures, les installations et les dispositifs, un projet spécifique produit par le Crac et réalisé in situ. L’exposition Promenades irrationnelles…, présentée du 11 mars au 29 mai 2016, réactive son travail photographique mis en sommeil depuis plusieurs années et propose un portrait de l’artiste au « fil de l’eau ».
Si Philippe Ramette se définit avant tout comme un artiste sculpteur, la photographie, souvent restée confidentielle au départ, est devenue le prétexte à toutes sortes d’expériences et de mises à l’épreuve. Philippe Ramette se met en scène dans des situations improbables, expérimente et propose des points de vue décalés sur le monde.
« Ma démarche est une attitude contemplative. L’idée récurrente consiste à représenter un personnage qui porte un regard décalé sur le monde, sur la vie quotidienne. Dans mes photos, je ne vois pas d’attirance pour le vide, mais la possibilité d’acquérir un nouveau point de vue. »
C’est avec la crucifixion de sa mobylette à la Villa Arson à Nice que s’arrêtent les années de peinture de Philippe Ramette, et que commence son parcours de plasticien. Sculpteur avant tout, il crée des objets dont le propos n’est pas tant leur utilisation quotidienne que le processus de réflexion qu’ils engagent. Il produit des œuvres comme Point de vue (installation, 1989) où il s’agit d’« imaginer ce qu’on pourrait voir ». Puis il décide de mettre en scène ses sculptures dans des photographies. Il crée des objets ou des situations improbables, pourtant il n’est en aucun cas question d’illustrer l’absurde, mais plutôt de construire de manière rationnelle une image irrationnelle. Philippe Ramette se met lui-même en scène dans son costume noir, il compose l’image d’un paysage dont il fera partie de façon extravagante, et visuellement étonnante ou renversante (au sens littéral). Il en produit les prises de vue en collaboration avec le photographe Marc Domage. Ces photographies ne subissent aucune retouche ou montage, car l’artiste cherche avant tout à garder le contact avec son travail de sculpteur.
Mon travail fonctionne sur la base d’une espèce de paradoxe qui est à chaque fois cette tentative, dont moi-même je comprends le côté vain, de matérialiser un processus mental."
Philippe Ramette
L’intention de départ de Philippe Ramette a été d’imaginer dans notre société, une invention emblématique et anachronique puisée au registre moral qui aurait pu changer le cours de l’humanité. Le choix des matériaux bois, cordes, renforce cet aspect intemporel, ce décalage dans le temps et dans l’intention mettant en évidence l’absurdité de l’intention et de la proposition. Contrairement aux autres pièces de Philippe Ramette, la finition des objets n’est pas essentielle, l’importance est donnée à la représentation et non à l’objet terminé. Volontairement, ils ne remplissent pas les critères de fonctionnalité.
Sculpteur, et non concepteur d’objet, même si l’énoncé de toutes ses sculptures a dans leurs titres le mot objet, Philippe Ramette, "dans sa démarche, entend dégager cette cellule génératrice qu’est l’ Objet non pas tel objet en particulier, mais l’ Objet générique, c’est-à-dire cette tonalité fondamentale de l’ Objet dont le produit, la machine, l’intelligence artificielle, la technique, la marchandise, ne sont que des applications particulières. Cette dimension générique est radicalisée dans le choix des matériaux indélicats, anonymes, bruts. " (C. Jarton, C.A.P. St Fons)
La démarche de Philippe Ramette alimentée par une propension à proposer des images mentales dont la forme même pourrait changer. Ces propositions - traces d’une intention utopique - font figures d’une sorte d’extension de la pensée en prothèses de nos consciences.
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