Hubert Duprat

Naissance : 1957

Elle vit et travaille à Claret.

https://www.mam.paris.fr/fr/oeuvre/hubert-duprat

Le parcours d’Hubert Duprat commence en 1983 avec la présentation de deux types de travaux en apparence très différents.

D’une part des larves d’insectes aquatiques (des trichoptères) qui ont pour particularité de se construire un étui protecteur en s’appropriant des matériaux dans leur environnement de sorte que les paillettes d’or, les pierres précieuses et les perles que l’artiste place dans leur aquarium contraignent l’animal à faire de cet écrin une pièce d’orfèvrerie.

D’autre part, une série de photographies, L’Atelier ou la montée des images, qui reproduisent la projection sur un mur de l’atelier de l’artiste d’une portion de l’espace extérieur suivant la méthode de la camera obscura décrite par Léonard de Vinci. Ces travaux sont suivis en 1988 par une série d’interventions in situ consistant en des projections en bois et en béton d’une partie de l’espace de son atelier (Sans titre, Château-Pichon-Longueville, Pauillac, 1987 ; Galerie Jean-François Dumont, Bordeaux, 1989 ; Villa Arson, Nice, 1989 ; Centre d’art Le Quartier, Quimper, 1993).

Parallèlement Hubert Duprat réalise les Cakes et les Marqueteries qui sont soit des blocs de béton, soit des panneaux de bois sur lesquels se détachent des tracés qui renvoient toujours à l’image de l’atelier.

Avec la série des Cassé-collé (1991-1994), des pierres ou des blocs de béton disloqués au marteau-piqueur puis recollés, Hubert Duprat entreprend une réflexion sur la fragmentation et la recomposition qui se poursuit avec les Coupé-cloué (1991-1994), des clous de laiton plantés sur des troncs, ainsi qu’avec des pièces telles que Nord (1997-1998), des plaquettes d’ambre collées les unes aux autres de façon à former un volume vide, ou À la fois la racine et le fruit (1997-1998), un entrelacement de branches recouvert de plaquettes d’os.
La marqueterie apparaît dès lors comme une poétique dont Hubert Duprat s’ingénie à explorer les ressources – qu’il s’agisse de projectiles de plomb ou de rubans de cuivre fixés dans le plâtre d’un mur (Sans titre, 1992 ; Entrelacs, 1992-1999), ou encore des plaques de marbre enserrées dans du béton qui lui avaient servi à figurer sur le sol l’image d’une montagne (Montagne, 1993-1994).

La marqueterie est certainement aussi le terme qui résume le mieux l’œuvre de Hubert Duprat. En premier lieu parce qu’elle permet de donner une unité aux techniques très diverses auxquelles recourt l’artiste – des techniques qui ont pour caractéristique de jouer sur la surface, sur le placage, le recouvrement. Ensuite parce qu’elle fait référence au précieux et à l’ornement, soit à une esthétique du décoratif qui touche l’objet comme l’espace, qui inclut les règnes animal, végétal et minéral, et qui trouve des analogies autant dans l’histoire de l’art stricto sensu que dans l’anthropologie et les arts primitifs. Enfin parce qu’elle permet de mettre en évidence un rapport à des procédés de fabrication ou de mise en œuvre sophistiqués (parfois jusqu’à l’excès) où Hubert Duprat, comme il le fait avec les trichoptères, délègue l’exécution. Dans ce processus, ses pièces acquièrent quelque chose de mystérieux qui pourrait faire penser aux cabinets de curiosités et à leur intérêt pour le singulier, le prodigieux, si elles ne visaient pas d’abord à conjuguer ce goût pour la curiosité au présent, à lui redonner une actualité imprévue.

Exposition de l'artiste