Ainsi de suite 3 # 2

Exhibition

From 12 April to 16 May 1999

Curator: Noëlle Tissier et Sabine Schaschl

L’exposition "Ainsi de suite" suggère, comme ce titre l’indique, une exposition en trois temps de février à juin 1999, in- progress.

Pour cette troisième édition d’Ainsi de Suite, Noëlle Tissier a fait appel à trois commissaires d’exposition Florence Derieux, Sabine Schaschl etLili Ri-Hye Kim. Plus qu’un changement de point de vue, il s’agit d’ouvrir le dialogue, de confronter nos réflexions, et ouvrir le débat à d’autres angles de vision. L’exposition "Ainsi de suite 3" explore la question du dessin aujourd’hui dans sa relation au son, au dessin-son. Au-delà de l’idée même du dessin classique ou dessin préparatoire, notre choix s’est porté sur le dessin comme fin en soi, comme pratique nécessaire à l’élaboration d’une œuvre. Il est l’élément structurant d’une pensée, qu’il soit sonore ou visuel, abstrait, ou figuratif ou les deux à la fois du degré zéro du dessin, à la narration, qu’il provienne d’une impulsion intérieure ou extérieure, qu’il utilise de nouvelles techniques, de nouveaux médium, qu’il produise de nouvelles attitudes qu’il soit lié à l’intimité de la page ou à la monumentalité du mur, il nous rapproche ou nous pousse à prendre du recul. Les frontières avec d’autres pratiques sont parfois inframince. Le dessin se glisse de l’une à l’autre et repousse sans cesse ses propres limites. Ce sont les œuvres elles-mêmes qui définissent ici l’ampleur du terrain auquel le concept de dessin s’est aujourd’hui étendu. Il relève de l’écriture et, révèle des secrets . Comme au fil des pages d’un livre dédale, le dessin nous invite à déambuler, sans aucune logique ni chronologie, au hasard d’un temps momentanément chiffonné. Les libertés qu’il s’octroie sont en quelque sorte le dessein de cette exposition.

Exposition en 3 mouvements - dessins et pièces sonores,
Mouvement #2 - du 12 avril au 16 mai 1999

à partir du 12 avril #2 :
Jili Baroff, Yves Belorgey, Jean-Pierre Bertrand, Olga Boldyreff, Jacob El Hanani, Roland Flexner, Kristjan Gudmundsson, Johannes Kahrs, Philippe Mayaux, Finnbogi Petursson, Ragna Robertsdottjr

et avec Sabine Schaschl, commissaire : Pascal Broccolichi, Claude Closky, Martin Creed
& le groupe Owada, Olivier Nottellet, Georgina Starr.

Ainsi de suite 3 #2 - Claude Closky, Fines de Claires (détail) - 1 999

" Fines de claires ", un vaste arrangement de 320 dessins de petit format, répète le même motif d’une huître peinte à l’aquarelle, dont l’intérieur abrite à chaque fois une perle découpée dans divers magazines de mode. Répétitions et variations marquent le rythme de la composition et forment ainsi une boucle visuelle et sonore. Le monde de la publicité est notoirement un monde d’apparence on s’en rend compte dans les multiples nuances de couleur obtenues par des procédés d’impression tantôt coûteux, tantôt bon marché, qui sont destinées à reproduire le coloris d’une véritable perle. Claude Closky utilise l’interaction entre le consommateur et la publicité et la met à profit d’une manière auto-référentielle dans son œuvre. Dans "Appelez vite", une installation sonore, il oppose le ton autoritaire des spots publicitaires à l’abondance de ce qui est ordonné, dont la réelle teneur disparaît alors. Appelez vite ce numéro, ce numéro, … ordres condensés, dont l’unique message est une accumulation ironique d’injonctions impossibles à suivre. Il reste cependant le signe sonore dans l’espace, qui décrit divers aigus et graves, divers rythmes et sons féminins, masculins, "chauds" ou "froids". Le dessin acoustique se complexifie dans la pièce sonore " L’été " car elle comprend une communication entre une voix, qui commence par chanter " Plaisir d’été " en stéréo, puis se divise ensuite et n’est plus retransmise que par un seul haut-parleur tandis que la variation de cette voix entonne " Fraîcheur d’été " dans le deuxième haut-parleur. La séparation des deux variations sur les deux haut-parleurs crée une “enveloppe réciproque ” qui se saisit du visiteur. L’artiste traite la pièce sonore comme un collage : on découpe ce qui existe pour le recoller à un autre endroit. Ce procédé de " couper-coller " autorise un maximum de variations, d’interventions, de découplage du contexte original, de "mises en boucle" dans lesquelles le début et la fin d’une pièce se rejoignent Dans " L’été ", on ressent nettement la tenaille qui se saisit de celui qui tenterait de chanter lui coupant la respiration et la voix - tel un mouvement perpétuel qui, en un endroit précis, propose de sortir du rythme d’origine pour après une bréve interruption, revenir à celui du départ, et qui est finalement contraint de partager son existence avec une variante de soi-même. Sabine Schaschl

Quatorze ramures (le nombre des stations de la passion) me furent rapportées de Sibérie. J’avais souhaité qu’elles soient ramassées dans la neige, voire sur le permafrost. C’eut presque été des fossiles. Lorsque je déballais, je découvrais avec répulsion et dégoût que des lambeaux de fourrure et de peau restaient accrochés à des morceaux de crânes sciés ou hachés. Je trouvais même une oreille dans cette horreur. Je dus faire bouillir la couenne de ces bêtes pour en nettoyer les bois. L’odeur âcre que dégageait la cuisson me fit plusieurs fois vomir.

Plus tard, je réalisais ma pièce. Je me cognais souvent contre ces bois. Chaque fois, j’étais agacé comme si on me frappait sans raison. La répétition me fit douter qu’il ne s’agissait là que de maladresse. J’eus alors le sentiment que les animaux dont les restes solides jonchaient le sol de mon atelier s’adressaient à moi. Leur agressivité n’était en rien comparable à celle de mon industrie et à la terreur effroyable à laquelle elle les avait soumis. Quelque chose les entravait maintenant, dont ils réclamaient délivrance.

Tout animal mis à mort exige de son bourreau une contrepartie. C’est une sorte de certificat de sacrifice, un sauf-conduit sans lequel toute sérénité leur est refusée. C’est une obligation à laquelle personne ne peut se soustraire sans contracter une dette qui pèse sur l’ensemble de ceux qui sont encore en vie et qui alimente un égrégore de vengeance.

Je me sentais tenu de réparer, de célébrer, pour moi qui suis artiste, au-delà même de leur mort, une vie toujours éprouvée.

Vincent Beaurin, juillet 2007

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Vue de l’exposition « Ainsi de suite 3 #2 », Crac Occitanie à Sète, 1999. Pascal Broccolichi, "Raccorama", 1999, sel. Photo : François Lagarde.

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Vue de l’exposition « Ainsi de suite 3 #2 », Crac Occitanie à Sète, 1999. Au sol : Olga Boldyreff, "Sans titre", 1990, fil et tricotin en bois. Aux murs : Roland Flexner, "Sans titre", 1997. Deven Golden Gallery, New York. Photo : François Lagarde.

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Vue de l’exposition « Ainsi de suite 3 #2 », Crac Occitanie à Sète, 1999. Au mur : Yves Belorgey, 1998. Au fond : Pascal Broccolichi, "Raccorama", 1999, sel. Photo : François Lagarde.

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Vue de l’exposition « Ainsi de suite 3 #2 », Crac Occitanie à Sète, 1999. Olga Boldyreff, "Promenade à Sète", 1999, fil tricotin et pointes acier. Photo : François Lagarde.

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Vue de l’exposition « Ainsi de suite 3 #2 », Crac Occitanie à Sète, 1999. Olivier Nottelet, "Le dé", 1997, vidéo. Photo : François Lagarde.

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Vue de l’exposition « Ainsi de suite 3 #2 », Crac Occitanie à Sète, 1999. Johannes Kahrs, "Sans titre A-H ou le monde décliné", 1998, vidéo. Photo : François Lagarde.

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Vue de l’exposition « Ainsi de suite 3 #2 », Crac Occitanie à Sète, 1999. Philippe Mayaux, "Sans titre", 1998. Photo : François Lagarde.

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Vue de l’exposition « Ainsi de suite 3 #2 », Crac Occitanie à Sète, 1999. Pascal Broccolichi, "Raccorama", 1999, sel. Photo : François Lagarde.

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Vue de l’exposition « Ainsi de suite 3 #2 », Crac Occitanie à Sète, 1999. Ragna Robertsdottir et Finnbogi Petursson, "La Porte du Volcan", 1999. Photo : François Lagarde.

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Vue de l’exposition « Ainsi de suite 3 #2 », Crac Occitanie à Sète, 1999. Kristjan Gudmunsson, "Dessin", 1995, papier, graphite. Photo : François Lagarde.