Ainsi de suite 3 # 1
Exhibition
From 19 February to 27 June 1999
Curator: Noëlle Tissier et Florence Derieux
L’exposition Ainsi de suite suggère, comme ce titre l’indique, une exposition en trois temps de février à juin 1999, in progress.
Pour cette troisième édition d’Ainsi de Suite, Noëlle Tissier a fait appel à trois commissaires d’exposition Florence Derieux, Sabine Schaschl et Lili Ri-Hye Kim.
Plus qu’un changement de point de vue, il s’agit d’ouvrir le dialogue, de confronter nos réflexions, et ouvrir le débat à d’autres angles de vision. L’exposition Ainsi de suite 3} explore la question du dessin aujourd’hui dans sa relation au son, au dessin-son. Au-delà de l’idée même du dessin classique ou dessin préparatoire, notre choix s’est porté sur le dessin comme fin en soi, comme pratique nécessaire à l’élaboration d’une œuvre. Il est l’élément structurant d’une pensée, qu’il soit sonore ou visuel, abstrait, ou figuratif ou les deux à la fois du degré zéro du dessin, à la narration, qu’il provienne d’une impulsion intérieure ou extérieure, qu’il utilise de nouvelles techniques, de nouveaux médium, qu’il produise de nouvelles attitudes qu’il soit lié à l’intimité de la page ou à la monumentalité du mur, il nous rapproche ou nous pousse à prendre du recul. Les frontières avec d’autres pratiques sont parfois inframince. Le dessin se glisse de l’une à l’autre et repousse sans cesse ses propres limites. Ce sont les œuvres elles-mêmes qui définissent ici l’ampleur du terrain auquel le concept de dessin s’est aujourd’hui étendu. Il relève de l’écriture et, révèle des secrets . Comme au fil des pages d’un livre dédale, le dessin nous invite à déambuler, sans aucune logique ni chronologie, au hasard d’un temps momentanément chiffonné. Les libertés qu’il s’octroie sont en quelque sorte le dessein de cette exposition.
Exposition en 3 mouvements - dessins et pièces sonores,
Mouvement #1 - du 19 février au 6 avril 1999
à partir du 19 février #1 :
Jill Baroff, Jean-Pierre Bertrand, Frédéric Duprat, Jacob, El Hanani, Dominique Figarella, Roland Flexner, Milo Garcia, Kristjan Gudmundsson, Haligrimur Helgason, Johannes Kahrs, Finnbogi Petursson, Jim Shaw, Sigurdur Arni Sigurdsson.
et avec Florence Derieux, commissaire de " A slip of the mind " : Martin Boyce, Juan Cruz,
Ewan Gibbs, Graham Gussin, Rachel Lowe, David Shrigley.
A slip of the mind
Le dessin permet de donner une expression externe à des idées ou à leurs fragments qui bien souvent ne peuvent être exprimés par les mots, ou bien de créer une distance entre ce qui est ressenti et ce qui est vécu, ce qui est pensé et ce qui est dit. Situé à la frontière de l’incommunicable, il crée un passage entre l’intérieur et l’extérieur, un dialogue entre l’esprit et la représentation. La tradition orale et le dessin sont pourtant étroitement liés. Tout comme le discours, il est une méthode pour capturer un concept sous une forme externe. Il permet rie traduire un espace mental à l’intérieur d’un espace différent. Entre les deux, quelque chose a cependant été perdu du fait du procédé employé. C’est ainsi que l’œuvre reste marquée par une absence, créant peut-être une certaine angoisse ou de la mélancolie.
Le dessin est également intrinsèquement lié à la notion d’espace et de temps. L’idée de passage qui apparaît implique en effet l’existence d’espaces à traverser, à expérimenter.
Les œuvres présentées ici explorent différentes formes de représentation du temps, de l’espace et de l’histoire. Elles réinvestissent et s’approprient des éléments qu’elles redéploient en un lieu et un moment différents. Ainsi, elles deviennent le sujet d’une activité qui produit des situations, un espace potentiel entre le réel et le virtuel. En entrant en contact avec ces œuvres, le spectateur se trouve dans la même position que celle du personnage joué par Cary Grant dans La mort aux trousses d’Alfred Hitchcock qui croit poursuivre des événements qu’il ne contrôle pas alors que c’est par ses propres mouvements, dans son processus de progression dans l’histoire, qu’il crée les événements qui composent le récit. N’ayant plus aucun indice de chronologie, le lieu étant lui-même situé dans un espace différent, le spectateur se sent délocalisé, engagé malgré lui dans une réalité virtuelle. L’histoire n’est plus un spectacle, elle est le produit d’une construction chaque fois renouvelée.
On dit de l’histoire qu’elle est la mélodie sans fin du devenir. Le lieu d’exposition n’est plus uniquement destiné au regard, mais il est également un lieu d’écoute. La lecture des œuvres, en effet, est une question à la fois visuelle et auditive. Les sons et les silences ont ici un rôle majeur car ils nous permettent, au même titre que la vision, d’appréhender réellement l’œuvre et de la faire vivre. Vladimir Nabokov avait dit un jour à ses élèves qu’écrire un roman, c’est réinventer le monde comme s’il s’agissait d’une chose imaginaire. Une vision linéaire de l’ histoire tend à ramener le réel vers la fiction tandis que la répétition en boucle du temps fait entrer la fiction dans le réel. Le jeu temporel et spatial induit par les œuvres présentées dans cette exposition offre des possibilités quasi infinies et rappelle que la réalité est toujours le produit d’une construction.
Florence Derieux
Commissaire associée
Note : a slip of the mind est un jeu de mot autour de l’idée de lapsus
(oral : a slip of tongue) avec le mot mind : esprit.
Exposition : Ainsi de suite 3 #1 - A Slip of the mind
A.B.R.A.K.A.Z., extrait de la phrase de 45 lettres qui inclut :
"A.B.R.A.K.A.Z. OU L’ORIGINE DU NOMBRE DANS UN MONDE DE LETTRES". Le nombre 54 qu’on retrouve dans plusieurs travaux de Jean-Pierre Bertrand s’inverse ici en 45. Le nombre de lettres (x7) et la lettre en nombre (3 x A) -(1 x B-1 x R-1 xK - 1 x Z), hors de la continuité de l’énoncé, se manifestent en tant que lieu de lumière qui résiste au signifiant, à ce qui le nomme et par là, en prendrait possession.
Vue de l’exposition « Ainsi de suite 3 #1 - A split of mind », Crac Occitanie à Sète, 1999. Johannes Kahrs, "Sans titre A-H", 1998. Collection Galerie Almine Rech, Paris. Photo : François Lagarde.
Exhibiting Artists
Vue de l’exposition « Ainsi de suite 3 #1 - A split of mind », Crac Occitanie à Sète, 1999. Graham Gussin, "J’aimerai Que Tu Puisses Etre Ici Avec Nous (I Wish That You Could Be Here With Us)", 1994, peinture acrylique. Photo : François Lagarde.
Vue de l’exposition « Ainsi de suite 3 #1 - A split of mind », Crac Occitanie à Sète, 1999. Milo Garcia, "La quête d’une possibilité infinie, garçon, chien, palissade, femme, etc…", 1997, production Villa Saint Clair, Sète et Crac Languedoc-Roussillon. Galerie Laurent Delaye, Londres. Photo : François Lagarde.
Vue de l’exposition « Ainsi de suite 3 #1 - A split of mind », Crac Occitanie à Sète, 1999. Kristjan Gudmusson, "Dessin", 1995, papier, graphite. Photo : François Lagarde.
Vue de l’exposition « Ainsi de suite 3 #1 - A split of mind », Crac Occitanie à Sète, 1999. Jill Baroff, "Blackbird; Siting ; Fictions (A-E); East of east", 1997. Courtesy Werner Kramarsky, New York. Photo : François Lagarde.
Vue de l’exposition « Ainsi de suite 3 #1 - A split of mind », Crac Occitanie à Sète, 1999. Dominique Figarella, "Fait à juste titre", 1999. Collection Galerie Brownstone, Corréart. Photo : François Lagarde.
Vue de l’exposition « Ainsi de suite 3 #1 - A split of mind », Crac Occitanie à Sète, 1999. Jean-Pierre Bertrand, "A.B.R.A.K.A.Z", 1999. Photo : François Lagarde.
Vue de l’exposition « Ainsi de suite 3 #1 - A split of mind », Crac Occitanie à Sète, 1999. Jim Shaw, "Rêves", 1994. Collection Galerie Parz-Delavalade, Paris. Photo : François Lagarde.
Vue de l’exposition « Ainsi de suite 3 #1 - A split of mind », Crac Occitanie à Sète, 1999. Milo Garcia, "La quête d’une possibilité infinie, garçon, chien, palissade, femme, etc…", 1997, production Villa Saint Clair, Sète et Crac Languedoc-Roussillon. Galerie Laurent Delaye, Londres. Photo : François Lagarde.
Vue de l’exposition « Ainsi de suite 3 #1 - A split of mind », Crac Occitanie à Sète, 1999. Au mur de gauche : Jim Shaw, "Rêves", 1994. Collection Galerie Parz-Delavalade, Paris. Au sol : Milo Garcia, "La quête d’une possibilité infinie, garçon, chien, palissade, femme, etc…", 1997, production Villa Saint Clair, Sète et Crac Languedoc-Roussillon. Galerie Laurent Delaye, Londres. Au mur de droite : Johannes Kahrs, "Sans titre A-H", 1998. Collection Galerie Almine Rech, Paris. Photo : François Lagarde.

