Roland Flexner

Naissance : 1944

à Nice.

Il vit et travaille à New York, États-Unis.

Roland Flexner emploie une méthode insolite pour dessiner. Il souffle des bulles composées d’encre et de savon sur une feuille de papier au moyen de pinceaux qu’il a préalablement évidés. Le résultat est un ensemble d’images à la fois extravagantes et intuitivement contrôlées dont la forme répond de la manière dont la bulle est soufflée. Flexner a obtenu des images similaires en se souvenant de la forme et quelquefois du son produit pour les réaliser. Dans ce sens le dessin peut être considéré purement comme un "geste vocal" - la main et le pinceau ne touchant jamais le papier.

Les caractéristiques de ces dessins suggèrent les circonstances physiques de leur expérience mais aussi une métaphysique éphémère dans laquelle le souffle de l’artiste, source de vie, est enregistré en permanence. En complément à la modulation du souffle, Roland Flexner peut agir sur les tonalités en variant les proportions du mélange d’encre et de savon ainsi que le « mouillage » du pinceau. L’intervention humaine est fugitive et ne semble agir qu’à distance sur ce qui n’est finalement qu’une explosion de matière. L’éclatement est central, le plus souvent organique, et la forme avec ses éclaboussures satellites enregistre un moment, littéralement une dictée de l’expérience. Flexner utilise un format de 60 x 50 cm pour les dessins qu’il a choisi de montrer en séquence. Lorsqu’il opte pour la continuité d’une image à une autre, il réalise plusieurs dessins dans la même séance. Une série évoque étrangement les planches anatomiques du cœur d’un manuel médical. Un autre groupe d’images très sombres révèle l’ emploi d’une mixture fortement chargée en encre dans ce groupe de trois, le dessin sans titre 12}, montre que la bulle a dû s’enrouler sur elle-même avant de se dédoubler et d’exploser sur le papier. La complexité du dessin qui en résulte défie les circonstances extrêmement simples et de brève durée de sa création.
Les dessins de Roland Flexner ne découvrent pas une correspondance avec l’esthétique de l’abstraction expressionniste. Les compositions ressemblent à ce qu’elles sont : une rencontre fortuite, dans laquelle la main a laissé place à l’ événement. Mais sa méthode montre que des limites strictes peuvent donner lieu à des images d’une considérable liberté.

Jonathan Goodman - « On Paper », New-York, février 1999.

Expositions de l'artiste