Valérie Mréjen

Naissance : 1969

à Paris.

Elle vit et travaille à Paris.

Valérie Mréjen avait été invitée à deux reprises au Centre régional d’art contemporain LR à Sète, en 1998. Elle présentait une série de paquets-cadeaux ornés d’étiquettes dorées aux messages amers et drôlatiques, ainsi qu’une série de vidéos. Elle avait, auparavant présenté un ensemble de cartes postales rédigées à partir de noms propres glanés dans les annuaires. Des œuvres, poétiques, drôles et moqueuses qui témoignaient déjà de sa préoccupation : consigner la cruauté au quotidien autant que le burlesque de l’existence. La nature et les contenus de son propos sont toujours d’une grande cohérence et, depuis plusieurs années, Valérie Mréjen réalise des vidéos - elle parle de “sketches” - dont elle écrit les scénarios. Elle fait appel le plus souvent à des acteurs professionnels. Généralement en plan fixe, le ou les personnages cadrés serrés, déballent l’impudeur de leurs anecdotes, manies et autres fractures intimes. L’incapacité à communiquer autant que l’indigence du langage sont les vecteurs essentiels de ces micro-récits.

On pourrait regarder les films de Valérie Mréjen comme on regarde une bêtise à la télévision, ni circonspect, ni perplexe, seulement distrait. Mais, les banalités de langage si courantes sur le petit écran se transforment dans les images de Valérie Mréjen en platitudes d’une insondable cruauté. Cette jeune femme a fleur de peau qui ponctue chacune des ses phrases de l’abréviation “sympa”, remarquablement interprétée par Lucia Sanchez (1998) ; ce jeune homme si dur face à sa compagne tristement muette et résignée ; cette mamie enfermée dans ses principes qui avec son sourire plein d’une amère abnégation moralise sa petite fille… bref, autant de situations que l’on préfèrerait ne plus entendre, ne plus comprendre. Valérie Mréjen pointe avec une puissante neutralité la férocité des lieux communs. Il y a presque de la gêne à écouter ces gens, empêtrés dans les rails du langage courant. Elle n’épargne personne, pas même elle, dans son livre “L’agrume”* dont elle est la patiente victime.

Les séries de portraits photographiques sont réalisées en studio. L’artiste demande aux modèles, regards adressés à l’objectif, la plus profonde neutralité possible. Malgré (ou grâce à) ce protocole, les sujets révèlent l’expression intime de leur sentiment, de leur nature ou de leur for intérieur. Il ne s’agit pas pour Valérie Mréjen de transfigurer le banal, mais bien de le dévisager.