Ainsi de suite 3 # 3

Exhibition

From 21 May to 27 June 1999

Curator: Noëlle Tissier et Lili Ri-Hye Kim

L’exposition "Ainsi de suite" suggère, comme ce titre l’indique, une exposition en trois temps de février à juin 1999, in- progress.

Pour cette troisième édition d’Ainsi de Suite, Noëlle Tissier a fait appel à trois commissaires d’exposition Florence Derieux, Sabine Schaschl etLili Ri-Hye Kim. Plus qu’un changement de point de vue, il s’agit d’ouvrir le dialogue, de confronter nos réflexions, et ouvrir le débat à d’autres angles de vision. L’exposition "Ainsi de suite 3" explore la question du dessin aujourd’hui dans sa relation au son, au dessin-son. Au-delà de l’idée même du dessin classique ou dessin préparatoire, notre choix s’est porté sur le dessin comme fin en soi, comme pratique nécessaire à l’élaboration d’une œuvre. Il est l’élément structurant d’une pensée, qu’il soit sonore ou visuel, abstrait, ou figuratif ou les deux à la fois du degré zéro du dessin, à la narration, qu’il provienne d’une impulsion intérieure ou extérieure, qu’il utilise de nouvelles techniques, de nouveaux médium, qu’il produise de nouvelles attitudes qu’il soit lié à l’intimité de la page ou à la monumentalité du mur, il nous rapproche ou nous pousse à prendre du recul. Les frontières avec d’autres pratiques sont parfois inframince. Le dessin se glisse de l’une à l’autre et repousse sans cesse ses propres limites. Ce sont les œuvres elles-mêmes qui définissent ici l’ampleur du terrain auquel le concept de dessin s’est aujourd’hui étendu. Il relève de l’écriture et, révèle des secrets . Comme au fil des pages d’un livre dédale, le dessin nous invite à déambuler, sans aucune logique ni chronologie, au hasard d’un temps momentanément chiffonné. Les libertés qu’il s’octroie sont en quelque sorte le dessein de cette exposition.

Exposition en 3 mouvements - dessins et pièces sonores,
Mouvement #3 - du 21 mai au 27 juin 1999

à partir du 2 mai #3:
Carolina Bassi, Jean-Pierre Bertrand, Olga Boldyreff, Sandra Foltz, Peter Friedl, Milo Garcia, Marc Lebris, Perejaume, Finnbogi Petursson, Ragna Robertsdottir, Laurent Sfar, Jean-Luc Verna…

et avec Lili Ri-Hye Kim, commissaire : Ricardo Brey, Gaëtan Bulourde, Mia Enell, 
Jason Karaïndros, Leif Palmquist, Katsuya Komagata,
Nathalie Rao, Anne-Marie Schneider.

L’ombre de Anne-Marie Schneider est gracile et fugitive. Au moment où on la capte, elle n’est plus là ; pourtant, sa disparition laisse des traces : celles du fusain. Parfois coloré, son dessin exalte ce qui saisit son âme, la societé et le drame personnel. 11 s’agit d’un combat Chaque image étant traversée par un évènement vécu par l’artiste, elles sont-elles-mêmes évènements, expectoré au travers d’un langage pictural surgi de l’ombre du moi : un sexe féminin battu par le fouet . Un pistolet vise le carrousel. Seins tirés ou multipliés. Autant de visions algues qui dérobent une douleur insondable.
La représentation de l’image comme le corps tordu, étendu ou transformé en d’autres organes est le don de sa réflexion. La sexualité est un des sujets les plus fréquents chez Anne-Marie Schneider Sexualité ni séduisante, ni productive. Sexualité autrefois sexuelle. Comme si l’on assistait à la rencontre fortuite de Madame de Merteuil et de Valmont sur la table des opérations d’une troisième guerre mondiale à venir ou déjà advenue. Tout est essayé, tout est expérimenté. Le sentiment est lavé en non-couleur.

Anne- Marie Schneider lance un regard semblablement détaché sur les phénomènes qui l’entourent "Je me sens plus proche des oiseaux qui souffrent de la pollution en mer que de l’affaire du Kosovo. Ça me semble tellement loin." Il ne s’agit pas là d’une attitude politique mais de la nécéssité de trouver un lien tangible entre elle et le monde extérieur. De là, ses dessins sur les sans-papiers qui racontent une urgence qu’elle fait sienne. Le réel et la fantasmagorie cohabitent dans le travail de Anne-Marie Schneider A "l’étonnement, on voit seulement une ligne de fusain volumineuse et un horizon en couleur chaude et douce. L’attirance est immédiate comme si l’on tombait au milieu d’une scène qu’on ne parviendrait pas à exprimer. Rêve et cauchemar. Le fil de la résonnance intérieure est brodé de telle façon que l’image onirique prend une forme substantielle. La simplicité de l’expression révèle "l’étonnement" d’Anne-Marie Schneider quand son dessin réveille la sensation endormie en chacun de nous.

Ayant abandonné la peinture à la sortie de son école d’art à Cergy-Pontoise. Nathalie Rao se met à travailler avec des appareils comme le Super 8 et la vidéo, des outils pour voir, videor en latin. En fait, elle se confie à la machine, en mode automatique. pour enregistrer ce qu’elle regarde simultanément. Pourtant. elle essaye de sortir du hors du cadre traditionnel, acceptant la vue limitée de ces outils pour lui substituer une vision. Inévitable à éviter. Car ce cadre existe partout dans le paysage, partout dans la communication. C’est une extrémité de notre appréhension. Il ne faut pas y être enfermé, mais se tenir au bord. Pour cette raison, Nathalie Rao doute aussi de la langue. Cet outil de communication nous piège dans la vraissemblance de la compréhension. On pense que l’on partage la même conception, mais sur quelle dimension, à quel degré ? Le degré zéro de la langue pourrait advenir au moment où l’on se tait.

Nathalie Rao sort dans la ville, le cadre énorme et vaste qui nous entoure. Elle y installe les grandes affiches tirées à partir de négatifs trouvés dans la rue, puis elle prend des photos de cette mise en espace. Perturbation discrète de l’environnement ; traces mnésiques incongrues autant que fondues dans le paysage, comme on dit fondu-enchainé. Décadrage de la vie, plus par recadrage, Nathalie Rao fait sauter les cadres de l’existant et de l’inexistant pour faire témoigner la réalité à propos d’elle-même. Ainsi assiste-t-on au spectacle miraculeux et quotidien de la rue, que l’artiste enregistre dans sa tête pour en refaire la scène destinée à être ensuite filmée. Reprise et doublure. Au coeur du projet de Nathalie Rao, il y a le hasard, autant qu’expérience et enjeu pour (se) faire rencontrer les surprises du destin.

Sur les bandes de papier, on trouve des mots comme l’amour, le corps, l’erreur, l’espace, l’indicible, le travail, meurt, naît. Le nécessaire de la vie est représenté par le substantif, le verbe et l’adjectif se rencontrant par hasard. Des mots dans une foule. La coïncidence est provoquée par le coulissement de rouleaux de papier qui tournent autour d’une barre métallique.
Les mots sont choisis parce qu’ils sont les principales préoccupations de Nathalie Rao, mais complètement détachés de leurs contextes, exposés nus. Ici, l’artiste expérimente la possibilité de maîtriser la chance de la nature. Le chemin qui nous amène à rencontrer la merveille de la vie. Est-il possible de percer le mystère ? La question demeure et Nathalie Rao continue sa recherche, en se demandant, qui suis-je ?

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Vue de l’exposition « Ainsi de suite 3 #3 », Crac Occitanie à Sète, 1999. Jean-Luc Verna, de gauche à droite : "R2P", 1998, courtesy Galerie Air de Paris ; "Siouxsie", 1998, courtesy Galerie Air de Paris ; "Colibri d’Afrique", 1998, courtesy Galerie Air de Paris. Photo : François Lagarde.

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Vue de l’exposition « Ainsi de suite 3 #3 », Crac Occitanie à Sète, 1999. Jean-Luc Verna, de gauche à droite : "R2P", 1998, courtesy Galerie Air de Paris ; "Siouxsie", 1998, courtesy Galerie Air de Paris ; "Colibri d’Afrique", 1998, courtesy Galerie Air de Paris. Photo : François Lagarde.

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Vue de l’exposition « Ainsi de suite 3 #3 », Crac Occitanie à Sète, 1999. Anne-Marie Schneider, 1999, 50 dessins. Photo : François Lagarde.

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Vue de l’exposition « Ainsi de suite 3 #3 », Crac Occitanie à Sète, 1999. Carolina Bassi, de gauche à droite : "Les fleurs", 1991, intissé noir, fil de coton blanc, vernis et poudre de métal doré, 140 x 216 cm ; "Les ailes", 1996, support plastique souple transparent, fil de coton noir, perles en plastique, 140 x 227 cm ; "Mode d’emploi", 1996, support plastique souple transparent, fil de coton noir, perles en plastique, 140 x 227 cm. Photo : François Lagarde.

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Vue de l’exposition « Ainsi de suite 3 #3 », Crac Occitanie à Sète, 1999. Leif Palmquist, "The path of stretchable stars", 1997. Courtesy Galerie Charlotte Lund, Stockholm. Photo : François Lagarde.

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Vue de l’exposition « Ainsi de suite 3 #3 », Crac Occitanie à Sète, 1999. Katsuya Komagata, de gauche à droite : "Jardin de Roses", 1999 ; "Cercle d’insectes en vol au crépuscule", 1999 ; "Les oiseaux au paradis", 1999 ; "Constellation obscure et 16 nuits secrètes", 1999. Photo : François Lagarde.

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Vue de l’exposition « Ainsi de suite 3 #3 », Crac Occitanie à Sète, 1999. Nathalie Rao, "Développement du hasard", 1995. Photo : François Lagarde.

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Vue de l’exposition « Ainsi de suite 3 #3 », Crac Occitanie à Sète, 1999. Nathalie Rao, "Développement du hasard", 1995. Photo : François Lagarde.

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Vue de l’exposition « Ainsi de suite 3 #3 », Crac Occitanie à Sète, 1999. Ricardo Brey, "Sans titre", 1999. Galerie Renos Xippas, Paris. Photo : François Lagarde.

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Vue de l’exposition « Ainsi de suite 3 #3 », Crac Occitanie à Sète, 1999. Carolina Bassi, "Sans titre", 1997, intissé noir, fil de coton blanc, vernis et poudre de métal doré, 50 x 50 cm chaque élément. Courtesy Laurence Hazout-Dreyfus, Paris. Photo : François Lagarde.