Reverse Universe : "Sur terre et sur mer avec le Codex Seraphinianus"

Exposition

Du 10 octobre 2020 au 5 septembre 2021

Commissariat : Marie de Brugerolle

Reverse Universe propose la traversée de deux mondes singuliers, à travers les imaginaires de Luigi Serafini (né à Rome en 1949, vit et travaille à Rome et Milan) et Than Hussein Clark (né en 1981 à Exeter, New Hampshire, vit et travaille à Londres). Sous le commissariat de Marie de Brugerolle, l’exposition Reverse Universe est constituée de deux parcours distincts mêlant sculptures, peintures,
vidéos, photographie, poésie et oeuvres sonores, produites pour l’occasion ou montrées pour la première fois dans une exposition.
Pour Marie de Brugerolle c’est la question de l’hybridation des corps et des formes qui est en jeu, ainsi que le passage des frontières, leur transgression, qu’elles soient physiques, géographiques, linguistiques ou culturelles. Si les frontières des états se durcissent, entre autres, sous la pression d’une crise sanitaire sans précédent, les virus y échappent, minant au passage nos présupposés sur la notion de frontière, sur ce qui sépare ou relie les corps.

L’alphabet visuel du Codex Seraphinianus est ainsi déployé pour la première fois en trois dimensions dans un lieu d’exposition et qui plus est dans une institution française. Inspiré par la ville de Sète, Luigi Serafini y installe un univers polymorphe, entre végétal et animal, monde marin et terrien. En trois salles, l’artiste propose une traversée entre les mondes. Sculptures, dessins, peintures, mobilier et graphie transforment le centre d’art en Codex à l’échelle un.

La première salle du parcours rassemble diverses figures marines, thon, carpe ou sirène. Au centre d’un autel aux allures ésotériques, trône un demi-thon, animal récurrent dans le bestiaire séraphinien, qui a la particularité de se couper en deux lorsqu’il traverse le détroit de Gibraltar et se reconstitue au printemps pour pouvoir se reproduire.
La seconde salle est dédiée au Codex et présente plusieurs planches du livre, dont certains dessins originaux, ainsi qu’une toile peinte de grand format intitulée Genesis, qui permet de plonger dans le monde organique et machinique de Serafini.
La troisième et dernière salle dédiée au monde de la terre est organisée autour d’une sculpture de femme-carotte en résine peinte, entre réalisme virtuose et étrange mascarade : allongée sur un lit de terre et de végétaux, telle une déesse d’outre-tombe, la femme-carotte renvoie à la figure de Perséphone / Proserpine dans la mythologie gréco-latine. Fille de Déméter, mère de la terre, et épouse d’Hadès, roi des enfers, Perséphone vit une partie de l’année sur terre, l’autre sous terre et fait lien entre les mondes.

À Sète, Luigi Serafini invente un univers « pour soi » à partir d’une vision de son ordonnancement à la fois globale et locale, à la croisée du micro et du macro, du végétal, du minéral et de l’animal. La nature hybride, greffée ou mutante de ses collages visuels suggère un rapport au monde fait de métamorphoses permanentes, où la connaissance est empirique et sensorielle plus que scientifique et logique.
Le Codex Seraphinianus met en jeu l’ordre savant et l’imaginaire le plus débridé, rassemble au-delà des frontières. Son alphabet crypté propose une autre forme de savoir via une infinité de jeux de mots visuels. Serafini évoque à ce sujet la langue du troubadour dont les récits étaient transmis par le geste et la parole avant de l’être par l’écriture. L’artiste dialogue avec la mémoire souterraine et sous-marine de Sète, qui lui rappelle Gaète, sa cousine italienne, mais aussi les rues de Rome ou certaines régions d’Italie traversées, comme à Sète, par la langue d’Oc.

Au sujet du Codex, Luigi Serafini écrit : « C’était une écriture qui contenait le rêve de beaucoup d’autres écritures ».
Entre lisibilité et visibilité, l’alphabet inventé devient paradoxalement
universel parce qu’illisible, traversant ainsi les cultures et les générations, au-delà des frontières.

La commissaire :
Marie de Brugerolle est commissaire d’expositions et historienne de l’art. Elle a collaboré avec de nombreuses institutions (Musée national d’art moderne – Centre Pompidou, Museum of Modern Art de New York, Centre National d’Art Contemporain – Le Magasin à Grenoble). Elle
a contribué à une meilleure connaissance de la scène californienne et de ses liens avec l’Europe (premières rétrospectives d’Allen Ruppersberg, John Baldessari, Larry Bell). En 2007, elle conçoit Faire des choses avec des mots / Making Words with Things au CRAC à Sète. Elle collabore régulièrement avec d’autres commissaires et artistes. Ne pas jouer avec des choses mortes avec Éric Mangion (2008, Villa Arson, Centre d’art, Nice),

I Was a Male Yvonne de Carlo, une exposition sur la satire et l’humour en art avec Dora Garcia (2011, MUSAC de León, Espagne), ALL THAT FALLS avec le psychanalyste Gérard Wajcman (2014, Palais de Tokyo, Paris).
Récemment, l’exposition RIDEAUX / blinds (2015, IAC Villeurbanne) questionnait le rideau en tant que paradigme de nos manières de voir à l’ère de l’écran. En 2019, elle réalise le C’BARET, What Not /Speak Easy, événement réunissant 22 artistes, parmi lesquels Asher Hartman, Than Hussein Clark, Andrea Fraser, Nour Mobarak, Brandon Lattu à l’invitation d’Hamza Walker, au LAXART, Los Angeles.

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Exposition « Sur terre et sur mer avec le Codex Seraphinianus », Luigi Serafini au Crac Occitanie à Sète, 2020. Détail du « Demi-thon », 2007. Photographe : Marc Domage.

Artiste exposé

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Exposition « Sur terre et sur mer avec le Codex Seraphinianus », Luigi Serafini au Crac Occitanie à Sète, 2020. Au sol : « Perséphone C », 2005. Au fond : « Sedia Santa (chaise sainte) », 1985. Au mur : « Ecriture/Codex », 2020. Photographe : Marc Domage.

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Exposition « Sur terre et sur mer avec le Codex Seraphinianus », Luigi Serafini au Crac Occitanie à Sète, 2020. « Perséphone C », 2005. Photographe : Marc Domage.

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Exposition « Sur terre et sur mer avec le Codex Seraphinianus », Luigi Serafini au Crac Occitanie à Sète, 2020. « King Botto », 2015. Photographe : Marc Domage.

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Exposition « Sur terre et sur mer avec le Codex Seraphinianus », Luigi Serafini au Crac Occitanie à Sète, 2020. « De Chine sont venus les pihis longs et souples », 2014. Au mur : « Nid avec Hirondelles », 2017, « La langue secrète des oiseaux », 2018. Photographe : Marc Domage.

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Exposition « Sur terre et sur mer avec le Codex Seraphinianus », Luigi Serafini au Crac Occitanie à Sète, 2020. « Le retour de la grande tortue », 2017. Photographe : Marc Domage.

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Exposition « Sur terre et sur mer avec le Codex Seraphinianus », Luigi Serafini au Crac Occitanie à Sète, 2020. Au mur (au centre) : « King Botto », 2020. Photographe : Marc Domage.

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Exposition « Sur terre et sur mer avec le Codex Seraphinianus », Luigi Serafini au Crac Occitanie à Sète, 2020. Au sol et au fond : « Demi-thon », 2007. Au sol à gauche « Capture du demi-thon », 2007. Photographe : Marc Domage.

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Exposition « Sur terre et sur mer avec le Codex Seraphinianus », Luigi Serafini au Crac Occitanie à Sète, 2020. « Demi-thon », 2007. Photographe : Marc Domage.

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Exposition « Sur terre et sur mer avec le Codex Seraphinianus », Luigi Serafini @CRAC Occitanie à Sète, 2020. « Krok-egg-dile », 2003. Photographe : Marc Domage.