Dialogue : Drink in Park - Light in Dark

Exposition

Du 12 février au 25 avril 2010

Commissariat : Noëlle Tissier

Une exposition deux en un, où Florence Paradeis et Sylvain Rousseau mettent en commun un goût prononcé pour l’imaginaire collectif, ses représentations, reproductions et décalages.

Le travail de Sylvain Rousseau se construit à partir de collaborations, de citations et d’emprunts. Ces sculptures hybrides jouent sur les déplacements, les changements d’échelles et les décalages. La question de l’héritage traverse comme un leitmotiv joueur les œuvres de l’artiste et dénote son intérêt pour l’histoire de l’art. Sylvain Rousseau pratique une sorte de syncrétisme culturel, à mi chemin entre l’hommage respectueux et la subversion critique, qui fait se télescoper les doctrines de l’histoire de l’art moderne avec le domaine connexe des arts appliqués (architecture, graphisme, design) et l’artisanat (marqueterie, gravure). Les sculptures opèrent à différents niveaux de lecture un commentaire sur le statut de la nature et l’état du monde des marchandises aujourd’hui.

Le travail de Florence Paradeis se décline au gré d’un parcours de salles conçues comme des séquences clairement identifiées dans lesquelles photographies, vidéos, et collages entrent en résonance. Florence Paradeis reconstitue de toutes pièces “l’instant décisif ” cher au photographe Henri Cartier-Bresson, en nous le désignant comme tel. Le leurre s’appuie sur l’équilibre du “vrai-semblable”, qui se joue dans l’écart entre le document et la fiction. L’absence d’événement que trahissent les images est contrebalancé par l’avalanche d’informations “spectaculaires” que les collages détournent. Ces derniers sont comme la chambre photographique des photographies.

À propos des œuvres de Sylvain Rousseau

L’ambiance sonore de la grande salle provient de la sculpture Le Grand Cacatoès blanc (2009). La musique de Sébastien Pruvost, résulte d’une carte blanche laissée par Sylvain Rousseau pour composer une bande son inédite à la sculpture totémique de l’immense perroquet en bois et plâtre. Cette sculpture sonore diffuse par intermittence, mais invariablement, une samba entêtante, d’une durée de douze minutes et englobe la salle dans une atmosphère rituelle. Au mur, un ensemble d’œuvres au statut paradoxal : peinture, collage ou sculpture ? Wall of fame (2010), réalisé en collaboration avec Yann Rondeau, est constitué de douze monochromes de couleur vive encadrés sous verre contrecollé de photomontages de portraits d’artistes célèbres accompagnés de leurs citations, le tout dans un esprit proche des affiches constructivistes. The Studio (2010) et Les Compositions magnétiques (2008) présentent des volumes aplatis. Topia (2010) dresse une palissade peinte et ajourée d’un sapin de Sibérie et d’un palmier de Californie : mémoire d’une nature rêvée, petite histoire de la guerre froide. The Studio est réalisée d’après une photographie de l’artiste Eric Tabuchi. La photographie choisie est celle d’une architecture vernaculaire improbable à la fonction oubliée, dont l’appropriation par Sylvain Rousseau la transforme en une allégorie d’atelier en formica aux couleurs années 1950. Les deux Compositions magnétiques (2008) obéissent au même processus de mise à plat du volume, par l’entremise de la photographie. Ce sont ici les compositions spatialistes de Malevitch qui servent de modèle. Sylvain Rousseau redonne du volume à des œuvres historiques qui tendaient vers une planéité objective. Des placages de bois agencés selon la composition abstraite initiale troublent la perception rétinienne des surfaces et plongent le regardeur dans un hyperréalisme sculptural. Ces Compositions magnétiques semblent sceller la réconciliation du Suprématisme avec le Constructivisme. La lente progression de Malevitch vers sa quête de l’absolu, le Carré blanc sur fond blanc (1918), s’exprime littéralement dans la sculpture Pot blanc, Pot rouge, Pot noir (2006), trois pots de peinture noire, rouge et blanche, respectivement, immergés dans un pot de peinture blanche. Looking for a tittle (2010), un cactus gravé, est une sculpture naturaliste support aux cartels des œuvres de l’artiste. La capacité régénératrice de la plante voue la sculpture à une inéluctable disparition, que n’auraient pas reniée les artistes de l’Arte povera.

À propos de Till the end de Florence Paradeis

Projetée dans une salle du Crac, la vidéo Till the end (2008) croise les références au poème Le dormeur du Val d’Arthur Rimbaud et La Légende d’Ulenspiegel dont le personnage Till l’espiègle, saltimbanque malicieux, moque les travers de ses contemporains et les abus de son temps. La musique de Richard Strauss est elle-même une interprétation de ce mythe. Till the end donne la tonalité de l’ensemble qui suit dans la Chambre verte : une proposition de paysages et de natures mortes, dont les images saisissent des correspondances entre le cinéma et la peinture.

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Vue de l’exposition « Drink in Park – Light in Dark », Crac Occitanie à Sète, 2010. Sylvain Rousseau, au premier plan, « Pot blanc, rouge, noir », 2006. De gauche à droite, « Le grand cacatoès », 2009, musique de Sébastien Pruvost, « Looking for a title », 2010, « Wall of Fame », 2010, collaboration avec Yann Rondeau, « The Studio », 2010 et « Composition magnétique », 2008. Photo : Marc Domage.

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Vue de l’exposition « Drink in Park – Light in Dark », Crac Occitanie à Sète, 2010. De gauche à droite, Florence Paradeis, « Nuit américaine : Batman », 1999 et « Birthday », 2000. Photo : Marc Domage.

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Vue de l’exposition « Drink in Park – Light in Dark », Crac Occitanie à Sète, 2010. De gauche à droite, Florence Paradeis, « Nuit américaine : L’américaine », 1994 et « Nuit américaine : Le tournant », 1994. Photo : Marc Domage.

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Vue de l’exposition « Drink in Park – Light in Dark », Crac Occitanie à Sète, 2010. Sylvain Rousseau, « Le socle (de la certitude) », 2010, installation. Photo : Marc Domage.

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Vue de l’exposition « Drink in Park – Light in Dark », Crac Occitanie à Sète, 2010. De gauche à droite, Sylvain Rousseau, « XXI », 2009, collaboration avec Benjamin Rondeau et Florence Paradeis, « juil-94 », 1994. Photo : Marc Domage.

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Vue de l’exposition « Drink in Park – Light in Dark », Crac Occitanie à Sète, 2010. Florence Paradeis, de gauche à droite, « La guerre : Loup et cerf », 2006, « La guerre : Stoned », 2003 et « Nuit américaine : Le tournant », 1994. Photo : Marc Domage.

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Vue de l’exposition « Drink in Park – Light in Dark », Crac Occitanie à Sète, 2010. Florence Paradeis, « Nuit américaine : Le tournant », 1994. Photo : Marc Domage.

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Vue de l’exposition « Drink in Park – Light in Dark », Crac Occitanie à Sète, 2010. Sylvain Rousseau, « Looking for a title », 2010, installation. Photo : Marc Domage.

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Vue de l’exposition « Drink in Park – Light in Dark », Crac Occitanie à Sète, 2010. Sylvain Rousseau, au sol, « Looking for a title », 2010. Au mur, « Wall of fame », 2010, collaboration avec Yann Rondeau. Photo : Marc Domage.

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Vue de l’exposition « Drink in Park – Light in Dark », Crac Occitanie à Sète, 2010. Florence Paradeis, « Chambre avec vue : Eagles », 2002. Photo : Marc Domage.